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Le croisement des cultures

Férue de culture nippone et d'innovation, Sabine Enjalbert a pris les rênes du groupe Interface céréales. Elle navigue entre exigence et ouverture d'esprit.

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La nouvelle directrice générale du groupe coopératif Interface céréales ne cesse de le répéter de sa voix posée : « Il faut que ça pulse ! » Mettre les organisations en mouvement, voilà ce qui a motivé Sabine Enjalbert tout au long de sa carrière. A 46 ans, elle a un parcours atypique pour une directrice de coopérative. Ingénieur en matériaux de formation, elle part au Japon à la fin de ses études. « Dès le départ, je n'étais pas dans la norme », plaisante-t-elle. Après quelques mois dans un centre de recherche, elle intègre une société de conseil et devient responsable d'études. Curieuse, elle se passionne pour la culture nipponne et apprend à maîtriser cette langue qui requiert l'apprentissage de plus de 1 500 « kanjis », les signes japonais, pour pouvoir le lire correctement.

« La culture nipponne m'a appris à être très humble par rapport aux autres et m'a enseigné une écoute active pour construire les choses à plusieurs. Un plus un font trois ! Ce n'est pas pour rien que je suis dans une coopérative. » Durant sa carrière, Sabine Enjalbert met en pratique le croisement des différents regards, afin de faire progresser les organisations et de trouver des sources d'innovation.

Développer l'innovation

En 1998, France télécom la recrute pour trouver des relais de croissance en Asie. Elle travaille notamment sur les activités internet. Dans les années 2000, elle rentre en Europe. Son profil de développeur commercial et de manageur intéresse des start-up de l'époque, comme Mappy. Elle dirige alors une équipe de vingt personnes et met en place des stratégies marketing pour développer l'application en France et en Espagne.

Après quinze ans passés au sein de ces entreprises, la dirigeante arrive dans le secteur parapublic. Elle est recrutée comme directrice de l'agence de l'innovation d'Ile-de-France. La banque publique d'investissement, l'Etat et la région recherchaient quelqu'un qui connaisse bien le service aux entreprises pour créer une dynamique nouvelle. Puis, l'agence de l'innovation fusionne avec celle du développement économique et devient « Paris région entreprises ». Sabine Enjalbert en prend la direction. Avec son équipe de 125 salariés, elle revisite les politiques d'accompagnement à l'innovation, convainc de grandes entreprises internationales de venir s'installer en Ile-de-France, et accompagne les entreprises sur de nouveaux marchés.

Elaborer un ordre de bataille

« Après cette expérience, j'avais envie de revenir dans un environnement plus commercial. Le challenge lancé par Interface céréales, à un moment où la coopération agricole s'interroge sur ses modèles, m'a séduite. Nous sommes à une époque charnière où tout est à repenser : l'agrofourniture, la prise en compte de l'environnement, la compétitivité internationale... Le développement international d'Interface céréales, avec l'exportation, tout en gardant la proximité avec ses adhérents, sont des éléments essentiels pour notre coopérative implantée en Eure-et-Loir et dans l'Eure. Je suis persuadée, par ailleurs, qu'il y a un potentiel énorme à développer en mixant numérique et sciences du vivant. Compte tenu de notre taille, ce développement passera par des partenariats avec des acteurs très différents », résume la directrice. Interface céréales est en train d'élaborer un plan d'actions, « un ordre de bataille pour les trois prochaines années », comme aime à le dire Sabine Enjalbert. Attention, ça va pulser !

Aude Richard

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